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22/10/2014

Pourquoi certains catholiques français s'énervent-ils contre le pape François ?

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... et nous obligent-ils à le "défendre" contre eux ? Bizarre climat :


Ergotages, crispations, fiel... Le comportement de certains catholiques français depuis plusieurs semaines ressemble à un symptôme, et ce symptôme touche à l'essentiel qui est la confiance en l'Eglise. Ils ne veulent pas entendre certaines choses. Leurs oreilles s'offusquent d'entendre des évêques constater : 1. que la vision catholique de la famille est devenue problématique un peu partout, pour des raisons très variables ; 2. que ce problème ne doit,  ni se substituer à ce que le Christ dit du couple dans l'Evangile, ni devenir un mur entre l'Eglise et les innombrables couples d'aujourd'hui qui ne vivent pas selon ses normes.

Mais la névrose va plus loin que cette question particulière. Elle obscurcit, dans l'esprit de certains catholiques, le sens fondamental de leur rôle dans l'Eglise  – et du rôle de l'Eglise.

Ces catholiques ne voient pas que l'Eglise est un service : elle est « au service » de l'évangélisation, qui doit aider les humains à connaître le Christ. L'évangélisation change nécessairement d'époque en époque, parce que le terrain change. Et les attitudes des chrétiens, pour devenir évangélisatrices (c'est-à-dire attirantes !), doivent changer : souvent de façon radicale. Soyez toujours prêts à donner les raisons de votre espérance à ceux qui vous les demanderaient, dit la première lettre de saint Pierre : encore faut-il qu'ils aient envie de nous les demander. Autrement dit : encore faut-il que nos façons d'être ne soient pas un repoussoir.

C'est ça que nous dit le pape François depuis les premières minutes de son pontificat, en un langage direct qui choque les bons messieurs.

Les choqués deviennent méchants, ces jours-ci. Ils sont si parfaits qu'ils ne veulent rien changer, c'est entendu !  Ils sont même en train de retourner à leur rêve originel, qui est de voir l'Eglise renoncer au corpus de Vatican II (leur Papy leur ayant dit que c'était tellement mieux « avant »). Et d'en re-voir un re-signe dans les énièmes re-pourparlers Rome-Fellay... Or si Fellay signe un jour, c'est qu'il aura capitulé sur ce qui pour lui était l'essentiel : son rejet de certains textes de Vatican II dotés d'une forte autorité magistérielle. Même en rêve, les bons messieurs se fourvoient.

Prions pour eux. Mais s'ils continuent à diffamer le pape, ils amasseront, dit la Bible, des charbons ardents sur leur tête.

   

Commentaires

DISCUSSION

> Oui, il y a une défiance envers l'Église et ses pasteurs. Mais en même temps, à qui la faute ? Aux fidèles gavés d'individualisme orgueilleux ou bien à certains pasteurs qui n'ont pas pris soin du troupeau ? De mon point de vue de converti relativement récent, je réponds : un peu des deux.
Car certes, nous vivons une époque où chacun se veut mesure de la vérité et à qui la notion de vérité qui contrarierait un tant soit peu notre appétit de jouissance est devenue insupportable. Et les fidèles catholiques n'échappent pas à la règle.
Mais en parallèle, que dire des prêtres et évêques qui semblent avoir renoncer à exhorter les chrétiens à se sanctifier, à prêcher la vérité plutôt que le consensuel, à parler des choses du Ciel plutôt que de celles de la Terre ? Tant d'abus liturgiques, tant de catéchismes bâclés, tant d'homélies insipides, tant de complaisance avec l'esprit du monde... Bien sûr, je noircis le trait mais qui osera dire que le clergé depuis Vatican II est irréprochable ?
Bref, il me semble donc urgent que les pasteurs Église retrouvent leur vocation : ils ne sont pas gestionnaires des biens de l'Église et des sacrements, ils sont des bergers.
Maintenant, sur votre constat qu'il existe un décalage entre la sagesse évangélique et l'esprit du monde, c'est certain. C'est même le cas depuis 2000 ans. Qu'il faille expliquer, reformuler, clarifier, nul n'en doute. Mais il n'est pas moins nécessaire de dire la vérité. Et si les fidèles pensent que les ministres sont prêts à brader la vérité au nom du politiquement correct, c'est qu'il y a une crise de confiance à laquelle il va bien falloir répondre.
Cordialement,

Xavier


[ PP à Xavier

- Vous noircissez effectivement le trait. La réalité quotidienne ne donne pas cette impression de "trahison des clercs".

- Et ceux qui affirment qu'il y a trahison confondent souvent le catholicisme avec leurs propres opinions ; ils accusent l'Eglise de trahir le catholicisme parce qu'elle contredit leurs opinions !
Il serait facile de montrer ce mélange pervers chez chacun de ceux qui accusent actuellement le pape François ; mais je ne veux pas donner de noms, pour ne pas tomber dans la polémique ad hominem.

- Le clergé "d'avant Vatican II", les catéchismes "d'avant Vatican II", étaient loin de ce que vous semblez imaginer. (La preuve : la rapidité avec laquelle la crise de 68 a ravagé les esprits des catholiques français ! Ce ne serait pas arrivé s'ils avaient été bien formés dans leur jeunesse. Idem pour les prêtres).

- Quant au clergé actuel, vous ne semblez pas le fréquenter beaucoup. Il vaut infiniment mieux que ce que vous semblez imaginer...

- Vous me rappelez une de mes amies, qui persiste à croire et à dire que "la messe de Paul VI a évacué toute notion du Sacrifice de la Croix"; affirmation très répandue dans les milieux traditionalistes... mais qui ne tient pas compte du texte du missel romain, prononcé tous les jours à toutes les messes dans le monde entier... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Xavier / | 22/10/2014

LES PROTESTANTS ET NOUS

> Les catholiques ont pourtant des richesses à partager! ce matin encore je discutais avec un pasteur de l'Eglise protestante unie, lequel organise des débats portant sur la relation entre théologie et économie. Il regrettait que les protestants de France n'aient pas su développer une critique vigoureuse du capitalisme, semblable à la doctrine sociale de l'Eglise - et s'est dit admiratif pour le travail accompli en la matière au Centre Sèvres. Je dis cela sans triomphalisme, la réalité est souvent morose.
______

Écrit par : Blaise / | 22/10/2014

Le clergé, le clergé, le clergé...

> C'est un peu facile de tout mettre sur le dos du clergé (même si, effectivement, tout n'est pas parfait). Les fidèles ont une forte part de responsabilité au sein de l'Eglise (ne serait-ce que numériquement parlant...).
Recherchent-ils une catéchèse adulte qui les fasse progresser au lieu d'en rester à leurs rudiments de catéchèse enfantine ou à des croyances globales ?
Est-ce être chrétien adulte que de se mettre dans cette position attentiste et déresponsabilisée ? "S'exhorter [soi-même à sa propre] sanctification, prêcher la vérité plutôt que le consensuel, parler des choses du Ciel plutôt que de celles de la Terre", est-ce réservé aux seuls successeurs des apôtres ?
Ce goût immodéré de la critique stérile et de la chicaya qu'ont certains paroissiens a sûrement déprimé plus d'un prêtre.
Pourtant, ne devrait-on pas être admiratifs et reconnaissants à l'égard des prêtres pour qui le mot "retraite" n'existe pas vraiment - par la force des choses, parfois, mais beaucoup par attachement fort au service de la Parole - et qui poursuivent humblement l’œuvre évangélisatrice jusqu'à leur dernier souffle ?
Pour paraphraser encore, on pourrait ajouter qu'il 'est peut-être urgent que nombre de chrétiens retrouvent leur vraie vocation : non pas seulement utilisateurs des biens de l'Église, ni consommateurs des sacrements' !
______

Écrit par : Réginald de Coucy / | 22/10/2014

VATICAN II

> Au vu de votre échange avec Xavier:
Sur le fond, vous avez raison.
Sur la mise en oeuvre, en partie. "L' esprit de Vatican II" a libéré beaucoup de paroles, des bonnes et de moins bonnes avec beaucoup de suffisance voire d'arrogance au nom de "la place des laîcs". Les catéchismes d'avant V II étaient fort respectables en regard de ce que le pédagogisme a fait arriver après.
Ce qui est surtout arrivé, c'est ce que Lénine avait prévu: "pour en finir avec la religion, il faut introduire la lutte des classes dans l'Eglise". La toute puissance de l'Action catholique spécialisée a aggravé la tendance naturelle à l'isolement des différents milieux et aussi des classes d'âge sur fond de démagogie. Et finalement, pour la France au moins, l'admiration béate du Progrès, les discours récurrents sur la promotion de l'Homme en général, des jeunes, des femmes, de ceux-ci, de ceux-là... ont abouti à l'individualisme et au consumérisme généralisé que nous voyons chez beaucoup de catholiques.
Où Xavier a tort, c'est que nos jours, ça va beaucoup mieux !

PH


[ PP à PH :

- Les intégrisants ont tort aussi sur Vatican II : "l'esprit" de Vatican II n'est PAS Vatican II, c'en est même le contraire. Ceux qui parlent de "l'esprit de Vatican II" (pour le louer où le maudire) n'ont pas lu les textes de Vatican II.
Les progressistes ont fait exprès de ne pas les lire, voulant substituer au Magistère une dynamique d'alignement sur le bazar sociétal.
Les intégrisants ne les ont pas lus non plus, mais par paresse... et/ou par refus des changements pastoraux, ayant dans l'esprit que l'Eglise doit rester le musée de "nos valeurs".
Donc, quand les intégrisants demandent que l'on rejette non seulement "l'esprit de Vatican II" (?) mais une partie des textes de Vatican II ou leur totalité, ils complètent et aggravent leur attitude négative. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre Huet / | 22/10/2014

@ Xavier :

> parler des choses du Ciel plutôt que de celles de la Terre : d'où tenez-vous qu'elles sont séparées ? Avez-vous jamais entendu parler de l'Incarnation ?
Parler de "certains" prêtres et évêques jette le discrédit sur tant d'hommes qui ont misé leur vie sur la suite du Christ au service de leurs frères et soeurs en humanité.
Comme tout être humain, ils ne sont pas parfaits. Lorsque vous le serez vous-même devenu, vous pourrez peut-être venir leur faire la leçon.
Quant à savoir qui brade la vérité, cela mériterait un peu plus qu'une phrase qui se contente, là encore, de semer le soupçon...
Je vous invite vivement à visiter un mot qui semble hors de votre champ lexical : la bienveillance ! Elle n'exclut nullement la vérité, mais elle interdit le dogmatisme stérile.
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Écrit par : Christine / | 22/10/2014

INCARNATION

> "parler des choses du Ciel plutôt que de celles de la Terre" ? Mais non, elles sont indissociables. A moins de laisser celles de la Terre au gentil FMI et à l'OMC sympa.
Nous sommes une religion de l'Incarnation.
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Écrit par : amblard / | 22/10/2014

ARCHI

> Voilà des archi-cathos qui veulent pouvoir baver contre le synode, le pape etc, mais qui refusent qu'on le leur reproche ! au nom, disent-ils de la charité entre chrétiens !
Ça rappelle l'histoire de l'avocat new-yorkais défendant un parricide en déclarant qu'il est orphelin.
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Écrit par : G.D.L. / | 22/10/2014

> d'accord avec GDL. Venimeux le matin, geignards le soir en parlant de charité et d'unité.
Ils veulent pouvoir attaquer sans qu'on leur réponde.
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Écrit par : Quiniou / | 22/10/2014

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